Les voies aériennes peuvent être partiellement ou totalement obstruées :
- Si l'obstruction est partielle, la ventilation est bruyante, gargouillante, mais un peu d'air passe encore ;
- Si l'obstruction est totale, l'asphyxié fait des efforts pour
ventiler, pour faire sauter ou chasser l'obstacle ; on
voit bien la poitrine se soulever mais on n'entend pas l'air sortir par
le nez ou la bouche. Il ne suffit pas de voir une poitrine
se soulever, mais entendre l'air s'échapper du nez ou de la
bouche ou le sentir sur la joue pour affirmer à coup sûr qu'une victime
ventile.
Les causes d'obstruction des voies aériennes sont variées. Rappelons-en
trois parmi les plus importantes ; le corps étranger, la
chute de la langue en arrière (chez la victime inconsciente), le
spasme du larynx (observé parfois chez les noyés, les deux premières
étant de loin, les plus fréquentes.
Dans le cas d'une chute de la langue en arrière, le basculement de la
tête suffit pour rétablir le libre passage de l'air, et c'est ce que
vous constaterez souvent. Mais, s'il y a un corps étranger, il faudra
recourir à l'un des procédés permettant d'assurer la liberté des voies
aériennes : extraction digitale, méthode Heimlich ou, chez le jeune
enfant suspension par les pieds.
A - Dégagement des voies aériennes supérieures.
On décrivait jusqu'ici classiquement trois manœuvres de libération aériennes :
- le renversement ;
- l'accrochage' du maxillaire inférieur. Cette méthode n'est applicable qu'avec le bouche à bouche ;
- le soulèvement du maxillaire inférieur.
A ces manœuvres on ajoutait, en cas de suspicion de lésion du rachis
cervical, fréquent dans les accidents de la route, le renversement sous
traction. A cet effet, une main étant sous la nuque, l'autre empaumait
la pointe du menton, tirait sur la tête en la renversant lentement et
prudemment, puis venait se placer comme précédemment sur le front.
Il fallait que tout sauveteur connaisse ces trois manœuvres car aucune
n'était applicable dans tous les cas. Ainsi chez l’obèse souvent seul
l'accrochage du menton permettait la libération des voies aériennes,
alors que cette manœuvre était impossible à réaliser en cas se de
"trismus" de contraction des muscles des mâchoires.
Actuellement, combinaison des méthodes précédentes d'ailleurs, une seule
méthode de libération des voies aériennes est enseignée. Elle doit être
exécutée en quelques secondes.
Premier temps : bascule de la tête en arrière :
- desserrer les vêtements autour du cou et de la ceinture ;
- placer une main sous la nuque et l'autre sur le front et basculer
prudemment la tête en arrière ; ces gestes libère le plus
souvent l'arrière-gorge obstruées par la chute de la langue.
Pourquoi le renversement de la tête ?
Chez le sujet ayant conservé sa vigilance, la langue se trouve
normalement éloignée du fond de la gorge et empêche l'air de passer. On
dit que le sujet a "avalé sa langue.
En basculant, la tête en protusant le menton en avant, c'est-à-dire vers
le haut, la langue s'éloigne, le fond de la gorge s'ouvre, les voies
aériennes sont libérées et l'air passe.
Et pourquoi tirer sur la tête ? Parce que c'est la seule façon d'éviter
de terribles complications si le cou est brisé, et ce qui est assez
fréquent chez les grands blessés de la route.
Il faut toujours respecté la rectitude de l'axe tête-cou-tronc.
Deuxième temps : Ouverture de la bouche :
La main qui était sur la nuque vient saisir le menton, l'autre reste
placée sur le front. Le secouriste essaie d'ouvrir la bouche de la
victime.
Troisième temps : Extraction digitale :
Si la bouche s'ouvre immédiatement, le secouriste lâche le menton et
dégage la bouche et l'arrière-gorge de ce qui l'encombre : c'est
l'extraction digitale qui s'exécute avec l'index et le médium (un seul
doigt bien entendu pour le nourrisson) que vous replierez en crochet,
recouverts, pour éviter les conséquences douloureuses et lésionnelles
d'une morsure involontaire de la victime, si possible d'un linge ou d'un
mouchoir. Vous pourrez enlever, soit des objets solides (corps
étrangers, prothèse dentaire) ou demi-solide (caillots, fragments
alimentaires) ou liquides (mucosités, renvois de lait chez le
nourrisson. Prenez garde à ne pas faire d'erreur de manœuvre par exemple
enfoncer plus profondément les corps étrangers et à ne pas être brutal
(ce qui pourrait déclencher une hémorragie).
Si la bouche ne s'ouvre pas au premier essai, il faut renoncer et passer alors au bouche a bouche ou au bouche nez.
Si la victime vomit, ou à des nausées au cours de la manœuvre, il faut
la tourner quelques secondes sur le côté (avec les précautions qui
s'imposent s'il y a suspicion de la fracture du rachis) en tournant en
même temps la tête et les épaules.
Le renversement de la tête suffit souvent à rétablir la respiration.
Mais, si elle ne reprend pas aussitôt, insuffler immédiatement par la ventilation artificielle, de l'air expiré.
Donc, ne perdez pas un temps précieux en transports inutiles ; soignez
le sujet atteint de détresse respiratoire immédiatement et sur place dès
qu'il est dégagé.
Si c'est un noyé ne vous inquiétez pas du peu d'eau que peuvent encore
renfermer les poumons : les mouvements de ventilation artificielles
l'évacueront ;
Encore une fois, ne perdez pas une seconde :
De nombreuses interventions secouriste contre les détresses
respiratoires ont été proposées, appliquées puis rejetées depuis
longtemps.
Deux temps, dans tous les cas sont à observer :
1° - la libération des voies aériennes ;
2° - la ventilation artificielle si la première manœuvre s'avère inopérante.
B - Méthode de Heimlich :
Le principe de la méthode est le suivant : le corps étranger, le plus
souvent une bouchée de nourriture est venu obstruer les voies aériennes
au moment où le sujet avalait "de travers", donc plus ou moins en
inspiration et avec les poumons remplis d'air.
Le sauveteur se place derrière la victime, lui entoure la taille de ses
bras, place le poing droit fermé recouvert de l'autre main au-dessous du
sternum et l'enfonce dans l'abdomen par un brusque mouvement d'avant en
arrière, dirigé vers le haut, qu'il répète éventuellement.
L'air contenu dans les poumons, brutalement comprimé, chasse le corps
étranger qui va jaillir hors de la bouche "comme un bouchon de liège"
hors d'une bouteille.
La méthode peut être appliquée à une victime assise :
La méthode de Heimlich a prouvé son efficacité dans de très nombreux
cas, mais son utilisation qui relève davantage des techniques de
réanimation - n'est pas sans danger (possibilités de fractures de
l'appendice siphoïde ou des côtes, rupture de l'estomac.
Suspension par les pieds :
Cette autre méthode consiste pour le sauveteur
à suspendre le sujet par les chevilles (cas du nouveau-né ou du nourrisson)
ou à le placer la tête en bas sur son genou (cas du jeune enfant), puis à pratiquer une percussion dorsale entre les omoplates.
Le corps étranger peut alors être expulsé avec les vomissements
généralement provoqués par cette position ; il sera recherché dans
ceux-ci à la fin du vomissement.
Cette méthode n'est pas non plus sans danger et, dans tous les cas, il
faut auparavant alerter un médecin ou faire assurer d'urgence le
transport de l'enfant en milieu hospitalier.
En attendant, si l'enfant ne tousse plus, respire correctement,
redevient rose, mais si l'on n'a pas retrouvé le corps étranger ,
l'hospitalisation s'impose aussi pour faire un examen de contrôle
complet et pour vérifier, en particulier, si le corps étranger n'est pas
dans une bronche.
III - Ventilation artificielle (Méthodes orales)
La valeur des techniques de ventilation artificielle dépend de la
rapidité de leur mise en œuvre. Celles qui possèdent les deux
caractéristiques d'être simples et réalisables sans matériels sont donc
essentielles.
La
méthode d'insufflation peu être quelque peu différente suivant que la
ventilation de la victime est arrêtée ou seulement précaire. Quand la
ventilation est arrêtée on pratique la ventilation artificielle qui est
dite contrôlée.
Quand la ventilation bien
qu'irrégulière ou peu simple, se poursuit néanmoins, le secouriste
pratique la ventilation artificielle qui est dite assistée, puisqu'il
doit seulement suivre les mouvements spontanés de la victime.
La
ventilation en pression positive réalisée par le secouriste en
insufflant de l'air expiré dans les poumons de la victime, soit par la
bouche, soit par le nez, s'effectue grâce aux techniques du bouche à
bouche, du bouche à nez et autres techniques dérivées.
Par ces techniques, le secouriste insuffle à la victime un air retenu à
la fin de sa propre inspiration dont la composition en oxygène reste
assez voisine de l'air atmosphérique.
Quand à la position de la victime celle-ci est généralement placée à plat dos, la tête toujours prudemment basculée en arrière.
Mais si la victime est coincée dans une autre position lors d'un
accident de la route par exemple, on pratique les méthodes orales dans
la position où se trouve la victime, la tête toujours prudemment
basculée en arrière.
Dans le cas le plus général de la victime placée à dos, le secouriste
est à genoux à côté de la victime et à déjà libérées les voies aériennes
si nécessaire.
Dans tous les cas, le début des opérations est de même :
1° Inspiré profondément ;
2° Ouvrez la bouche en grand.
Deux possibilités s'offrent alors à vous : en règle, soufflez dans la
bouche. Dans certains cas exceptionnels soufflez dans le nez. Des règles
particulières sont toutefois à observer pour une insufflation aux
enfants et aux laryngectomisés.
Les techniques sans appareillages :
Le bouche à bouche
La position de la victime
Elle est étendue sur le sol, la tête prudemment basculée en arrière.
Lorsque la victime est coincée dans un autre position dans une voiture
par exemple, on pratique le bouche à bouche dans la position ou se
trouve la victime, mais toujours en basculant la tête en arrière, avec
bien sûr toutes les précautions.
La position du secouriste :
Il est à genoux à côté de la victime. Il a libéré en quelques secondes les voies aériennes supérieures.
La main qui était sur le front maintient toujours la tête basculée en arrière le pouce et l'index pinçant les narines .
L'autre main saisit le menton entre le pouce et les autres doigts
sans appuyez sur le pharynx et tire le menton en avant , c'est-à-dire
vers le ciel pour la victime couchée sur le dos : c'est la protrusion du
maxillaire inférieur :
- Insufflation : le secouriste insuffle l' air en plaquant sa bouche largement ouverte autour de la bouche de la victime ;
- Expiration : elle se fait de façon passive ; le
secouriste relève sa tête et la tourne vers la thorax de la victime ceci
lui permet de reprendre son souffle et vérifier que la poitrine se vide
bien de l'air qu'il a insufflé à l'inspiration.
1° Appliquez votre bouche largement ouverte autour de celle de la victime en appuyant pour éviter toute
fuite d'air.
La tête de la victime reste maintenue basculée prudemment en arrière avec une main placée sur le front,
l'autre maintenant le menton entre le pouce et les autres doigts en le poussant en avant vers le haut.
De plus pour que l'air ne ressorte pas par le nez, appuyez votre
joue sur les narines ou pincez-les avec le pouce de l'index de la main
placée sur le front et qui maintient la tête toujours basculée en
arrière.
2° Soufflez fort.
Insufflez comme pour gonflez un ballon et vite.
Observez bien le soulèvement de la poitrine.
3° enlevez la bouche sans bouger les mains et observez l'expiration.
Celle-ci étant passive vous reprenez votre insufflation en regardant le thorax s'affaisser en écoutant le
bruit de l'air qui s'échappe.
4° L'inspiration terminée, recommencez à souffler environ 15 fois par minute pour un adulte. Toutefois, les 5
ou les premières insufflations doivent être répétées très vite, sans attendre l'affaissement de la poitrine,
ceci afin de ré-oxygénez rapidement les poumons
Le Bouche à nez
Vous aurez recours au bouche à nez :
Si vous ne pouvez ouvrir la bouche de la victime :
- si vous ne pouvez assurer une bonne étanchéité (bouche de la victime trop grande barbu) ;
- si la victime est grièvement blessé à la face avec plaie de la bouche ou du pharynx (cas fréquent dans les
accidents de la route).
Pour pratiquer le bouche à nez :
Le
sauveteur s'accroupit à côté de la victime, près de son visage ou, si
celle-ci est coincé, se place en position utile pour insuffler ;
- la tête est maintenue basculée prudemment en arrière, avec la main sur le front ;
- l'autre main soulève le menton sans appuyer sur la gorge et tient la bouche de la victime fermée, le pouce
appuyant la lèvre inférieure contre la lèvre supérieure ;
- le sauveteur applique la bouche largement ouverte autour du nez de la victime ;
- il insuffle rapidement le thorax se soulève ;
- l'expiration étant passive, le sauveteur se dégage et reprend son souffle en regardant le thorax s'affaisser ;
- la fréquence des insufflations doit être également d'environ 15 par minute chez
l'adulte.
Bouche a bouche a nez
S'il s'agit d'un tout jeune enfant, et à cause de la petitesse de la
face, le sauveteur devra souffler à la fois par la bouche et par le nez :
c'est la technique dite du "bouche à bouche et nez".
Mais l'insufflation devra être moins forte que pour l'adulte (comme vous
bouffées de cigarettes) et à cadence plus rapide : 25 à 30 par minute.
En outre, il est préférable de coucher le bébé sur le coté, ce qui
facilite la bascule de la tête en arrière. On soufflera plus fréquemment
et doucement que l'enfant sera plus jeune.
Si de l'air passe dans l'estomac, ce que l'on constat en voyant alors un
gonflement progressif du ventre , il faut tourner pendant quelques
secondes l'enfant sur le côté pour éviter qu'un vomissement n'envahisse
ses bronches et recommencer aussitôt la ventilation artificielle.