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jeudi 1 janvier 2015

Protection de la personne humaine et de son environnement en cas de conflit armé





Nombreuses et fort variées selon les tribus, mais convergentes par leur philosophie, sont les règles qui régissent la conduite des hostilités, la capitulation ou la reddition, la fin de la guerre, les représailles et les traités de paix, le sort des captifs, l'asile, la neutralité, les interventions et les alliances ; ensuite celles relatives au traitement de la personne humaine en cas de conflit armé en raison de leur rôle avant et après les hostilités (envoyés spéciaux, médiateurs...), de leurs fonctions spéciales (prêtres, féticheurs, guérisseurs), de leur état physique (vieillards, enfants, et infirmes) et de leur statut (populations non-combattantes...) ; et enfin celles relatives à la protection spéciale de certaines zones et des biens de caractère précieux, soit en raison de leur valeur symbolique (cimetière, bois sacrés...), soit encore à cause de leur importance vitale (puits d'eau, récoltes, bétail...).

 1.  Personnes et biens protégés en cas de conflit armé

 D'abord, il faut reconnaître que parmi les personnes citées ci-dessus, il y a celle qui remplissent une fonction sociale de premier plan. Les prêtres sont à cet égard des hommes qui ont le plus accumulé des forces vitales pour leur expérience, leurs connaissances, leur situation ; ce sont les patriarches des familles les plus anciennes, sont des magiciens qui ont fait leur preuve, qui ont appris les rites, après plusieurs années d'épreuves et d'ascèse, soit dans les couvents comme au Dahomey et au Nigeria, soit sous la houlette d'un ancien comme ce fut le cas dans la plupart des tribus. Ils ont en effet l'art d'interpréter la volonté de Dieu.

Le rite du sacrifice du coq dans les cimetières est une pratique à laquelle ils recourent constamment. Quant aux guérisseurs, ils ont le pouvoir de détecter les maladies grâce aux invocations et soignent les malades ou leur faisant porter des talismans ou boire des décotions. Ce sont les devins-guérisseurs, appelés aussi féticheurs, à l'opposé des sorciers qui sont possédés par une maléfique volonté de puissance. Par ailleurs, il faut noter l'importance des anciens (vieillards), proches des ancêtres et des esprits protecteurs.

 Ainsi donc, c'est principalement en raison de leur mission sacrée pour les uns (féticheurs, prêtres) et de l'importance de leur rôle historique pour les autres (vieillards, griots) que certaines personnes sont préservées des fléaux et maux causés lors des hostilités. Subsidiairement cependant, les lieux où les premiers œuvrent étant sacrés et protégés, leurs gardiens le sont à  plus d'un titre.

 De même, le vieillards, véritables dépositaires des traditions orales et "bibliothèques vivantes", sont épargnés. Ne dit-on pas dans un proverbe zaïrois : "On détruit la pirogue, mais jamais le port.

 En outre, à cause de la conception cosmogonique et vitale de la nature en Afrique déjà mentionnée, on attache une importance capitale à certains biens comme l'eau, le bétail et la terre. D'où leur appropriation et leur exploitation collective. Le bétail, les récoltes. Les points d'eau, dans la mesure où ils sont destinés, de par la tradition, à la survie aussi bien de leurs propriétaires, du groupe social auquel ils appartiennent que des étrangers même de passage, voire des adversaires, sont, en général, épargnés des vicissitudes de la guerre.

 Les professeurs Kappeler et Kokooza ont ainsi cité la pratique qui consiste, auprès des peuples lacustres de l'Afrique de l'Est, à interdire aux belligérants de considérer le bétail, les récoltes et les puits d'eau comme cibles de guerre.

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